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Ceux qui suivent de près la politique budgétaire ont l’impression ces derniers temps de marcher sur du sable. Plus rien ne semble avoir de réalité, ni les chiffres ni les discours qui les accompagnent. Mal assis et mal né, le projet de loi de finances pour 2025 n’est pas sorti en meilleure forme de la discussion en commission des finances de l’Assemblée nationale, mi-octobre : la gauche s’est fait plaisir en votant près de 60 milliards d’euros d’impôts et de taxes. Sa cible ? ! les « superprofits », les « superdividendes », les « super-riches », les expatriés, les armateurs, les hors-bord, les permis de construire, les entrepôts, les résidences secondaires…
La gauche n’a pas pour autant marqué de point politique. Mise en minorité à force de charger la barque, elle n’a pas démontré qu’elle aurait été en situation de gouverner si Emmanuel Macron s’était résolu à nommer l’un des représentants du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon.
La demande était-elle crédible ? Face à une dette publique et des déficits record, l’esprit de sérieux semble avoir déserté la plupart des acteurs. Le projet de loi de finances sur lequel la France est censée jouer sa crédibilité est devenu prétexte à mauvaise farce, reflet d’un dérèglement général qui n’épargne aucun acteur politique et accrédite, au contraire, l’idée d’une décomposition accélérée.
La fragilité se lit à toutes les étapes de la procédure. A peine divulgué, le projet de budget 2025, élaboré en moins de quinze jours après plusieurs semaines de vacance politique, a été montré du doigt par le Haut Conseil des finances publiques : la prévision de croissance apparaît fragile. Surtout, l’absence d’informations précises fragilise le niveau des économies budgétaires revendiquées. Cinq milliards d’euros ont été laissés au libre arbitre des parlementaires, a rétorqué le gouvernement, qui ne peut pourtant que constater le manque d’appétence des élus à freiner l’augmentation de la dépense publique.
Le poids respectif des économies budgétaires et des hausses d’impôts mobilisées pour tenter de réduire de 60 milliards d’euros la dérive du déficit public en 2025 est lui aussi sujet à caution : il y aura deux tiers d’économies, un tiers de hausses d’impôts, a affirmé l’exécutif, soucieux, contrairement à la gauche, d’éviter le procès en matraquage fiscal. Ce sera quasiment l’inverse, a constaté le Haut Conseil des finances publiques, à l’unisson de certains instituts de conjoncture qui, comme l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), estiment que les recettes supplémentaires compteront pour 60 % dans l’effort. Ce n’est certes pas la première fois qu’une dispute de ce type existe. Jamais cependant les écarts n’avaient pris de telles proportions.
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